Bilan de la saison 2023-2024 d’influenza aviaire hautement pathogène en Europe

Pour le comité de rédaction de la Plateforme ESA (par ordre alphabétique) : Julien Cauchard (Anses), Céline Dupuy (Anses), Guillaume Gerbier (DGAL), Sophie Molia (CIRAD), Eric Niqueux (LNR – Anses)1, Jennifer Pradel (CIRAD), Carlène Trévennec (INRAE), Sylvain Villaudy (INRAE)

Autres experts sollicités (par ordre alphabétique) : Béatrice Grasland1, Matthieu Guillemain2, Pierre-Yves Henry3, Sophie Le Bouquin4, Loïc Palumbo5, Audrey Schmitz1

Auteur correspondant : plateforme-esa@anses.fr

 

  1. Anses Laboratoire de Ploufragan -Plouzané- Niort, Unité Virologie Immunologie Parasitologie Aviaire et Cunicole (VIPAC), LNR Influenza aviaire, Ploufragan, France
  2. Office Français de la Biodiversité, DRAS, Service Conservation et Gestion Durable des Espèces Exploitées, Arles, France
  3. Muséum National d’Histoire Naturelle, Unité Mécanismes adaptatifs et évolution, Plateforme Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (France)
  4. Anses Laboratoire de Ploufragan -Plouzané- Niort, Unité Epidémiologie, santé et bien-être (EPISABE), Ploufragan, France
  5. Office Français de la Biodiversité, DRAS, SantéAgri, Orléans, France

 

Cette note présente l’évolution des foyers chez les volailles et les oiseaux captifs ainsi que des cas en avifaune sauvage d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) pour la saison 2023-2024 (du 01/08/2023 au 31/07/2024) en Europe. 

 

Essentiels
  • 33 pays en Europe[1] ont déclaré 307 foyers de volailles, 62 foyers d’oiseaux captifs et 819 cas sauvages détectés entre le 01/08/2023 et le 31/07/2024.

  • Les pays ayant déclaré le plus de foyers de volailles sont : Hongrie (84), Moldavie (58), Pologne (33), Allemagne (27) et Bulgarie (24).

  • En France, 10 foyers de volailles ont été détectés dans le Morbihan, Somme, Nord et Vendée ; 33 cas sauvages, principalement sur la moitié nord du territoire hexagonal.

  • La quasi-totalité (90 %) des souches de virus de l’IAHP H5 détectées en Europe et entièrement séquencées se répartit en 7 génotypes différents (6 de sous-type H5N1 et un de sous-type H5N5). Un foyer de H7N5 a été détecté en Allemagne dans un élevage de poules pondeuses.

  • Chronologie évènementielle :

  • Persistance de cas sauvages aux mois d’août, septembre et octobre 2023 chez les laridés et dans une moindre mesure chez les fous de Bassan (dans la continuité de ce qui avait été observé en fin de saison 2022/2023). Ces cas ont été majoritairement détectés sur les littoraux de la Manche et de l’Atlantique. 

    • Augmentation de cas sur les anatidés migrateurs (canards, oies, cygnes) à partir de fin octobre 2023, suivie d’une épizootie sur les grues en novembre 2023 qui a débuté en Europe centrale.

    • Première vague de foyers de volailles dans les bassins de production avicole en Hongrie et, dans une moindre mesure, en Moldavie entre novembre et décembre 2023, concomitante d’une augmentation des détections de cas sauvages pendant la période des migrations post-nuptiales.

    • Seconde vague de foyers de volailles en Moldavie en février 2024. 

  • Cas sauvages sporadiques en fin de saison (juin-juillet 2024).

Sources de données

Les données suivantes ont été extraites de la Commission européenne ADIS et WAHIS-OMSA, données extraites le 19/05/2025.

 

L’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) est une maladie virale contagieuse des oiseaux, à fort impact pour les filières de production avicoles et pouvant représenter un risque pour la santé humaine (potentiel zoonotique). La maladie touche également l’avifaune sauvage, qui peut jouer différents rôles dans l’épidémiologie du virus : révélateur ou sentinelle, réservoir et/ou propagateur, parfois sur de longues distances (oiseaux migrateurs). L’IAHP peut également avoir de forts impacts sur les populations sauvages touchées, par exemple en cas de formes épizootiques telles qu’observées sur les deux dernières saisons en Europe.

 

L’épizootie 2023-2024 a touché 33 pays en Europe[2] avec un total de 307 foyers de volailles, 62 foyers d’oiseaux captifs et 819 cas sauvages détectés entre le 01/08/2023 et le 31/07/2024. 

 

  • Volailles et oiseaux captifs : 20 pays ont détecté des foyers de volailles. Les pays qui ont déclaré le plus grand nombre de foyers sont : la Hongrie (84), la Moldavie (58), la Pologne (33), l’Allemagne (27) et la Bulgarie (24).

  • Avifaune libre : 30 pays ont détecté des cas sauvages durant cette saison. Les pays qui en ont déclaré  le plus sont : l’Allemagne (217), le Danemark (85), les Pays-Bas (59), la Hongrie (52) et le Royaume-Uni (49).

 

Cette saison est marquée par une faible amplitude d’incidence hebdomadaire (moins de 50 foyers de volailles et d’oiseaux captif hebdomadaires) par rapport aux années précédentes (jusqu’à plus de 200 foyers de volailles et d’oiseaux captifs hebdomadaires, selon les années) et une distribution géographique principalement sur le centre, l’est et le nord de l’Europe (Figures 1 et 2). Pour rappel, sur la saison 2022-2023, 1 083 foyers de volailles, 379 foyers d’oiseaux captifs et 4 589 cas sauvages avaient été détectés ; 2 432 foyers de volailles et 3 510 cas sauvages sur la saison 2021-2022. Les bilans des saisons précédentes sont disponibles sur le site de la plateforme ESA : bilan 2020-2021, bilan 2021-2022 et bilan 2022-2023.

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Figure 1 : Incidence hebdomadaire (nombre de nouveaux foyers et cas hebdomadaires), selon la date de détection, dans les compartiments volailles, oiseaux captifs et sauvages en Europe sur les saisons 2020-2021, 2021-2022, 2022-2023 et 2023-2024 (du 01/08 au 31/07) (source : Commission européenne ADIS et WAHIS-OMSA le 19/05/2025).

 

 

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Figure 2 : Densité de foyers chez les volailles et oiseaux captifs (haut) et de cas dans l’avifaune sauvage libre (bas) d’IAHP H5 en Europe sur la saison 2023-2024 (du 01/08/2023 au 31/07/2024) (source : Commission européenne ADIS et WAHIS-OMSA le 19/05/2025).

 

 

 

Compartiment domestique

 

Le compartiment domestique regroupe les élevages de volailles et les oiseaux captifs au sens du règlement (UE) 2016/429. Le figure 3 présente l’incidence hebdomadaire en élevages de volailles dans les cinq pays les plus touchés sur la saison 2023-2024.

 

 

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Figure 3 : Incidence hebdomadaire des déclarations (selon la date de détection) de foyers de volailles dans les cinq pays ayant détecté le plus grand nombre de foyers sur la saison 2023-2024 (source : Commission européenne ADIS et WAHIS-OMSA le 19/05/2025).

 

 

Description

En début de saison, les premiers foyers de volailles ont été détectés en Europe du Nord dès le mois d’août 2023 au Royaume-Uni, avec une quinzaine de foyers détectés en Écosse et en Angleterre (d’août à octobre 2023), puis au Danemark avec un premier foyer détecté le 26/09/2023. En Europe centrale des foyers ont été détectés à partir de fin septembre en Slovénie (oiseaux captifs le 19/09/2023), puis en Bulgarie (foyer de volailles le 22/10/2023) et en Roumanie (foyer de volailles le 25/10/2023). 

 

Situation dans les cinq pays les plus touchés (Figure 3) :

La Hongrie a été le pays qui a détecté le plus grand nombre de foyers de volailles. Le premier foyer a été détecté le 04/11/2023. Il s’ensuit une augmentation de l’incidence dans le compartiment domestique au cours du mois de novembre. Les détections se sont amplifiées rapidement dans des élevages majoritairement de palmipèdes mais aussi de dindes dans les parties est et sud du pays. Plusieurs provinces ont été concernées, dont celles de Csongrád-Csanád et Bács-Kiskun à forte densité d’élevages de palmipèdes destinés à la production de foie gras. Des foyers ont aussi été détectés dans les provinces limitrophes (Békés, Hajdú-Bihar, Szabolcs-Szatmár-Bereg), également des bassins de production de volailles, avec de fortes densités en élevages de poules pondeuses (report of Research Institute of Agricultural Economic, Budapest, 2019 lien). Fin novembre 2023, l’incidence hebdomadaire a culminé à dix-huit foyers, avant d’amorcer son déclin les semaines suivantes. Des foyers étaient toutefois encore détectés début janvier 2024. Au cours de cet épisode, tous les types de production ont été touchés (élevages de canards ou oies, élevages de dindes, élevages de Gallus, élevages de faisans). Après le ralentissement de la propagation observé début janvier 2024, un nouveau foyer de volailles a été détecté le 12/01/2024 dans une nouvelle région administrative jusque-là encore indemne (province de Somogy) dans un élevage de dindes en engraissement, dans le sud-ouest du pays. Au mois d’avril une nouvelle série de foyers a été détectée dans des élevages de palmipèdes du sud-est du pays (province de Békès), provoquant une seconde vague épizootique, de plus faible amplitude, culminant à six foyers hebdomadaires à la fin du mois d’avril. Le dernier foyer de la saison a été détecté le 26/04/2024. Au total, plus de 1,5 millions d’oiseaux ont été abattus dans ces foyers (source : CPVADAAAA[3] autorités hongroises le 16/05/2024).

En Moldavie, second pays a avoir déclaré le plus grand nombre de foyers de volailles au cours de la saison 2023-2024,les premières détections ont été faites à partir du 03/12/2023. Une épizootie a été observée dans la province de Drochia où de nombreux cas sauvages avaient été détectés sur des cygnes. En décembre 2023, un total de 20 foyers avait été détecté. Le type de production n’était pas précisé. Début janvier 2024, l’épizootie commence à ralentir mais se poursuit avec une incidence plus faible. En février 2024, une augmentation brutale de l’incidence a concerné principalement des élevages de canards (dont de nombreux établissements de petites, voire très petite taille) dans le sud du pays à la frontière avec la Roumanie (région de Cahul). Le dernier foyer de la saison a été détecté le 27/02/2024. Toutefois, de nombreuses détections en Moldavie ont été déclarées suite à la réalisation d’analyses sérologiques : cette mention complique l’interprétation des données fournies par la Moldavie en ce qui concerne les établissements détenant des poulets n’ayant présenté aucun signe clinique. On ne peut exclure dans ces circonstances que les résultats sérologiques positifs aient été la conséquence d’une infection par des virus de l’IA faiblement pathogène et soient donc insuffisants pour confirmer l’infection par un virus de l’IAHP (EFSA, ECDC, EURL, Alexakis, et al. 2024).

En Pologne, deux premiers foyers ont été détectés à partir du 06/10/2023 dans des élevages de production de dindes. Aucune détection n’a été faite en novembre. A partir de décembre 2023, l’incidence a augmenté et les détections se sont poursuivies en janvier 2024 (plusieurs foyers détectés dans des élevage de dindes en engraissement et de canards reproducteurs). Les détections se sont étendues dans l’ouest du pays et ont atteint un pic mi-février 2024 puis une diminution jusqu’à la détection du dernier foyer le 29/02/2024.

En Allemagne, les premiers foyers en élevage ont été détectés à partir du 20/11/2023 dans deux élevages de dindes du nord du pays (land Mecklembourg-Poméranie et Schleswig-Holstein). D’autres détections ont suivi dans le nord du pays (en Basse-Saxe et dans le Brandebourg dans des élevages de dindes). L’incidence a augmenté graduellement à partir de fin novembre 2023 en particulier dans le nord du pays, où les détections se sont poursuivies au mois de décembre 2023, janvier et février 2024. Un premier foyer situé plus au sud, en Bavière a été détecté le 06/01/2024 dans un élevage de dindes (commune de Wittislingen, environ 200 km de Strasbourg), puis un premier foyer de volailles a été détecté dans le centre du pays (land Hessen à Edermunde) le 31/01/2024 dans un élevage de Gallus. Des détections sporadiques de foyers de volailles ou d’oiseaux captifs ont été faites jusqu’au 29/02/2024. 

Un foyer isolé de H7N5 a été détecté le 29/06/2024 en Basse-Saxe à Bad Bentheim, proche de la frontière avec les Pays-Bas, dans un élevage de 90 000 poules pondeuses. Il s’agissait d’un nouveau sous-type de virus hautement pathogène qui, selon les résultats publiés par le FLI, est probablement issu d'une mutation spontanée d'un virus faiblement pathogène non détecté par ailleurs. De telles mutations sont rares mais surviennent sporadiquement. Les dernières détections du sous-type H7 hautement pathogène en Allemagne remontaient à 2015, avec la détection du sous-type H7N7 dans un élevage de poules pondeuses dans la même région de Basse-Saxe (source: FLI le 08/07/2024 ; Ahrens et al. 2024). Le foyer ayant été détecté à proximité de la frontière néerlandaise, la zone de surveillance et les restrictions ont été étendues jusqu’aux Pays-Bas.

En Bulgarie, plusieurs foyers ont été détectés pendant la première vague d’épizootie en Hongrie fin 2023. En janvier et février 2024 des détections sporadiques se sont poursuivies. Une légère hausse de l’incidence a été observée à partir du mois de mars 2024 et des cas sporadiques ont été détectés jusqu’au mois de mai. Le dernier foyer a été détecté le 09/05/2024.

 

Dans les autres pays qui ont détecté des foyers en élevages de volailles ou chez des oiseaux captifs, les détections ont été sporadiques et concentrées sur les mois d’hiver. Tous ont détecté moins de dix foyers de volailles sur la saison, sauf le Danemark (12) et la France (10 ; cf paragraphe infra).

 

 

Analyse et interprétation

Le début de saison 2023-2024 a été marqué par la circulation précoce du virus de l’IAHP H5N1 dans le compartiment domestique au Royaume-Uni. Le virus a ensuite été détecté dans les pays d’Europe du Nord et d’Europe de l’Est, à l’automne 2023 en période de migrations post-nuptiales (descendantes). 

La Hongrie et la Moldavie ont subi chacune deux vagues épizootiques fin 2023 et début 2024. 

Au total, le nombre de foyers d’IAHP dans le compartiment domestique a été largement inférieur aux années précédentes, et ceux-ci se sont concentrés sur une fenêtre temporelle plus réduite (la majorité des foyers est survenue sur une période de 4 mois entre novembre 2023 et février 2024). 

 


 

 

Compartiment sauvage

 

Les pays ont été répartis en zones, selon la voie probable d’introduction par l’avifaune (EFSA, 2017). Au regard des voies migratoires d’introduction sur le territoire français hexagonal, nous avons identifié trois fronts dans cette note : la voie est (Europe centrale, Autriche, Italie, Suisse) au front est / sud-est[4], les voies nord-est / nord-ouest au front nord[5] (pays avec un littoral sur la mer Baltique, mer du Nord et la Manche) et la partie ouest de la voie sud au front sud (Espagne et Portugal). La figure 4 présente l’incidence hebdomadaire des cas sauvages dans les différents fronts (pour la France, se référer au paragraphe ci-après).

 

Front Nord

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Front Est / Sud-Est

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Front Sud (Espagne, Portugal)

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Figure 4 : Incidence hebdomadaire (nombre de déclarations par semaine selon la date de détection) des cas dans l’avifaune sauvage par groupe d’espèces d’oiseaux sauvages sur les fronts nord (en haut), est / sud-est (au milieu) et sud (en bas) sur la saison 2023-2024. ATTENTION : l’échelle est différente pour le front sud. La catégorie « Autres espèces aquatiques » intègre les groupes d’espèces suivants : grèbes, pingouins, pélicans, foulques et râles, cormorans, hérons, limicoles, flamants et ibis ; la catégorie « Autres espèces terrestres » intègre les groupes d’espèces suivants : colombidés, corvidés, cigognes, pics, gallinacés sauvages (source : Commission européenne ADIS et WAHIS-OMSA le 19/05/2025).

 

 

La famille des laridés (goélands, mouettes et sternes) a été particulièrement touchée en août, septembre et octobre 2023 (dans la continuité de ce qui avait été observé en fin de saison 2022/2023) principalement sur le front nord. Les cas ont été majoritairement détectés sur les littoraux, notamment dans le nord de l’Allemagne, Royaume-Uni, Norvège, France, Espagne et Portugal. Sur la suite de la saison, des cas sporadiques ont encore été détectés entre novembre 2023, janvier et février 2024, notamment en Allemagne, Danemark, Pays-Bas et Suède. Les détections sont ensuite devenues sporadiques.

Dans une moindre mesure, des cas sur des fous de Bassan ont été détectés sur les littoraux en Belgique, en France (Bretagne) et aux Pays-Bas principalement en début de saison.

 

La famille des anatidés a été touchée dès le mois d’août 2023 en Europe centrale (sur une oie naine détectée le 18/08/2023 en Hongrie). Des cas sauvages sur des cygnes ont été détectés dans plusieurs pays entre septembre et octobre 2023 (Slovénie, Serbie, Roumanie). En Italie, un cas sur un canard siffleur, espèce migratrice, a été détecté dès le 28/10/2023 dans la province de la Vénétie. La proportion de cas détectés sur les anatidés a commencé à augmenter à la fin du mois d’octobre sur le front est / sud-est, et mi-novembre sur le front nord, avec des détections dans plusieurs pays d’Europe du Nord, dont en Allemagne dans les zones de marais maritimes du nord (Basse-Saxe, Schleswig-Holstein), aux Pays-Bas, au Danemark, en Finlande, en Suède.

Parmi les anatidés, à partir du mois de décembre, les détections sur les cygnes tuberculés et cygnes chanteurs ont augmenté, avec une incidence particulièrement élevée en Moldavie à partir du 15/12/2023. Parmi ces nombreuses détections (25 déclarations de cas groupés détectés en décembre 2023), figuraient des épisodes de mortalités groupées impliquant de nombreux spécimens, notamment dans les provinces de Briceni (252 cygnes tuberculés), Floresti (65 cygnes chanteurs), Drochia (39 cygnes chanteurs). Les détections étaient disséminées dans tout le pays et étaient toutes typées H5N1. Pendant cette même période, l’incidence des cas sauvages a augmenté sur toute l’Europe, avec toujours un nombre important de détections sur les cygnes, notamment en Roumanie, pays voisin de la Moldavie. 

A la mi-février, les détections sur les anatidés sont devenues majoritaires (nombre total de cas depuis le début de la saison dépassant le nombre de cas détectés sur les laridés). L’incidence a progressé surtout sur le front nord notamment en Allemagne, au Danemark, aux Pays-Bas, en Pologne et Suède. Un second pic de détections a été observé en février 2024 dans ces pays.

En mars, les détections sur anatidés ont chuté dans tous les pays et ont été sporadiques en avril 2024.

 

L’hiver 2023-2024 a surtout été marqué par l’épizootie qui a touché la population de grues cendrées au début de leur migration. Les premiers cas sur cette espèce ont été détectés le 30/10/2023 en Hongrie. Pendant le mois de novembre, des cas sur les grues cendrées ont été détectés dans plusieurs pays d’Europe centrale et du Sud (par ordre chronologique de première détection) : en Hongrie (n=35), Autriche, Croatie, Italie, Serbie, sud de l’Allemagne, France, Slovénie et Espagne. Fin novembre, les détections se sont ralenties, coïncidant avec la fin de la période de migration vers les zones d’hivernage (source : MNHN le 01/12/2023).

Les détections sur les rapaces et corvidés ont été sporadiques dans plusieurs pays d’Europe du Nord sur l’ensemble de la saison.

Plus ponctuellement, des cas sur d’autres familles d’espèces ont été détectés (Figure 5).

 

 

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Figure 5 : Nombre de déclarations de cas d’IAHP dans l’avifaune sauvage libre en Europe sur la saison 2023-2024 par groupe d’espèces d’oiseaux. ATTENTION : plusieurs individus d’espèces différentes peuvent figurer dans une même déclaration ; dans ce cas, la déclaration est comptabilisée plusieurs fois dans ce graphique (une fois pour chaque espèce touchée). En revanche, le nombre de déclarations ne reflète pas le nombre de spécimens pour chaque espèce (source : Commission européenne ADIS et WAHIS-OMSA le 19/05/2025).

 

 

Analyse et interprétation

 Le nombre de détections de virus de l’IAHP sur les laridés était encore important sur les littoraux au cours de l’été 2023, ce qui correspond au patron observé en fin de saison 2022-2023. Mais il a diminué tout au long de la saison avec une circulation virale à bas bruit. 

Le profil d’incidence sur l’automne-hiver 2023-2024 s’est caractérisé par une plus faible amplitude comparée aux années précédentes et une saisonnalité concomitante des migrations post-nuptiales (descendantes) des anatidés vers les aires d’hivernage. Cette faible amplitude pourrait s’expliquer par l’acquisition d’un certain niveau d’immunité des populations d’oiseaux sauvages précédemment touchées, entraînant une réduction de la contamination de l’environnement, par les changements de fréquence de détection et la diversité émergente des génotypes dominants circulants, par une baisse des effectifs de certaines populations d’oiseaux et éventuellement par une sous-détection des animaux morts (EFSA, ECDC, EURL, Fusaro, et al. 2024; EFSA, ECDC, EURL, Alexakis, et al. 2024).  

Des mortalités importantes chez les grues cendrées ont été observées en novembre 2023. Cet épisode constitue un évènement inhabituel pour cette espèce en Europe. Il a démarré dans les aires de regroupement d’Europe centrale (Hongrie) et a participé à la diffusion du virus le long de leur route migratoire (sud de l’Allemagne, Italie, France, Espagne). Un épisode de mortalité massive sur cette espèce avait déjà été observé en 2021 en Israël sur le couloir migratoire entre la Russie/Scandinavie et l’Afrique de l’Est (Lublin et al. 2023).

Les cygnes ont été également particulièrement touchés en Moldavie et en Roumanie à partir de mi-décembre 2023. Cet épisode a été concomitant à des mortalités massives de cygnes également observées au Kazakhstan (EFSA, ECDC, EURL, Fusaro, et al. 2024; Sultankulova et al. 2024).

 

Le second pic de détection chez les anatidés observé en février 2024 a coïncidé avec le début des migrations pré-nuptiales (remontantes), sans lien de causalité confirmé ou infirmé. 

 

France 

 

Le premier foyer de volailles a été détecté dans un élevage de dindes le 26/11/2023 à Grand-Champ dans le Morbihan. Ce foyer (hors ZRP, hors ZRD[6]) avait été détecté par la surveillance évènementielle réglementaire  (survenue de signes cliniques évocateurs d’IAHP ou mortalités d’oiseaux). Trois foyers secondaires ont été détectés dans des productions de dindes entre les 02 et 06/12/2023 près de Grand-Champ et de Pontivy (environ 20 km de Grand-Champ).

Des foyers ont ensuite été détectés le 28/11/2023 dans la Somme dans un élevage de dindes, le 18/12/2023 dans le Nord dans un élevage de poules pondeuses déjà foyer l’année antérieure. 

Les foyers suivants ont été détectés en Vendée : le 02/01/2024 près des Sables d’Olonne, dans un élevage de 8 700 canards de Barbarie en engraissement, vaccinés. Ce foyer a été détecté dans le cadre de la surveillance évènementielle (40 animaux morts) ; les 05, 10 et 15/01/2024 dans des élevages de production de canards de Barbarie et de dindes en engraissement, et dans un élevage de canards reproducteurs Pékin, non vaccinés. Ce dernier élevage était situé au cœur de la ZRD, à proximité d’un précédent foyer (celui du 10/01/2024).

 

Les premiers cas sauvages ont été détectés dès le début de la saison, sur des laridés en Bretagne et dans les Hauts de France (n=8 en août, n=1 en septembre, n=1 en octobre). A partir du mois de novembre 2023, des cas sauvages ont été détectés sur des grues cendrées : le 18/11 dans la Meuse (lac de Madine), le 19/11 dans les Bouches-du-Rhône (Camargue) et le 30/11/2023 à Champlitte en Haute-Saône. Le reste de la saison a été marqué par des détections sporadiques réparties sur toute la France, en particulier sur les zones littorales atlantiques et méditerranéennes impliquant principalement des laridés et autres oiseaux marins (fou de Bassan) ou côtiers (huîtrier pie). 

Deux cas sur anatidés ont été détectés : un cygne tuberculé le 13/12/2023 dans le Pas-de-Calais près de Saint-Omer et un cas sur cinq oies cendrées le 07/01/2024 dans l’Ain.

 

Un total de dix foyers de volailles et 33 cas sauvages d’IAHP ont été déclarés sur la saison 2023-2024 en France hexagonale (Figure 6). Aucun foyer d’oiseaux captifs n’a été détecté.

 

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Figure 6 : Localisation des foyers de volailles et cas sauvages détectés en France hexagonale sur la saison 2023-2024. Les définitions de compartiments sont celles du Règlement 2016/429. Les ZRP et ZRD sont représentées respectivement en violet et jaune sur le fond de carte (source : Commission européenne ADIS le 19/05/2025,instruction technique DGAL/SDSBEA/2023-651 du 11/10/2023).

 

 

Analyse et interprétation

La vaccination préventive contre les virus de l’influenza aviaire A(H5) a été mise en œuvre depuis octobre 2023 en France, ciblant le secteur de la production de canards maigres et gras. La plupart des foyers signalés chez les volailles (8 sur les 10 de la saison) sont survenus dans des établissements avicoles non vaccinés, deux ont concerné établissements détenant des canards de Barbarie vaccinés. Dans le premier, une augmentation de la mortalité avait été observée, indiquant que la vaccination n’a pas été pleinement efficace et que l’augmentation de la mortalité peut toujours être un indicateur de suspicion d’IAHP dans les troupeaux vaccinés (EFSA, ECDC, EURL, Alexakis, et al. 2024). Le second foyer d’IAHP en élevage de canards vaccinés a été détecté grâce à la surveillance en zone d’infection. Durant la saison 2023-2024, aucun foyer d’IAHP n’a été détecté dans les élevages du sud-ouest de la France, où des épizooties récurrentes avaient été observées dans les zones à forte densité de canards au cours des saisons précédentes. 

 

Le bilan de l’IAHP dans le compartiment sauvage sur l’année 2024 (du 01/01 au 31/12), rédigé par le réseau SAGIR, est publié sur le site de la plateforme ESA (lien).

 

 

 


 

 

Aspects génétiques

  • Le sous-type H5N1 a été identifié sur la quasi-totalité des détections, comme précédemment observé lors des deux saisons 2021/2022 et 2022/2023. À partir d’octobre 2020, le sous-type H5N1 avait co-circulé de façon minoritaire en Europe, avec d’autres sous-types dont le sous-type H5N8 (majoritaire jusqu’en août 2021), mais ce dernier sous-type a décliné rapidement après le début de la saison 2021-2022). .

  • A partir d’octobre 2023, la quasi-totalité (90 %) des souches de virus de l’IAHP H5 détectées en Europe et entièrement séquencées se répartissait en 7 génotypes différents : 6 de sous-type H5N1 (EA-2021-AB, EA-2022-BB, EA-2023-DA, EA-2023-DB, EA-2023-DG et EA-2023-DI) et un de sous-type H5N5 (EA-2021-I). Deux des génotypes (EA-2021-AB et EA-2022-BB) de sous-type H5N1 ont circulé en continu depuis la saison 2021/2022 ; un troisième (EA-2021-I) du sous-type H5N5 circulait lui depuis la saison 2020/2021. Les 4 autres génotypes de virus H5N1 correspondent à des émergences récentes de réassortants, pour leurs segments internes, avec des virus de l’influenza aviaire faiblement pathogène (IAFP). L’incidence des infections à virus du génotype BB (sous-type H5N1 associé aux Laridés depuis 2022) a fortement diminué mais des détections sporadiques persistent. L’incidence du génotype I (H5N5) a augmenté chez les laridés, avec des détections notamment en Allemagne et aux Pays-Bas en janvier et février 2024, ce qui suggère une extension de la répartition de ce génotype (EFSA, ECDC, EURL, Alexakis, et al. 2024).

  • Sur la base des données de séquençage disponibles entre octobre 2023 et juin 2024, un total de quinze génotypes différents a été détecté chez les volailles en Europe, dont les génotypes AB, DA, DB, DG, DI collectés dans au moins quatre pays. En Bulgarie, le génotype DA aurait été introduit plusieurs fois chez les volailles, tout en circulant de façon persistante avec transmission entre élevages (EFSA, ECDC, EURL, Alexakis, et al. 2024).

  • La Lituanie a détecté un virus de sous-type H5N6, sur un prélèvement de cygne tuberculé le 14/08/2023. 

  • La Norvège a confirmé dans les îles de Svalbard un premier cas de la saison dû au sous-type H5N5 détecté sur un oiseau de la famille des scolopacidés (bécasseaux, chevaliers) le 17/09/2023. Ce sous-type a également été identifié en Islande sur un pygargue à queue blanche détecté le 17/09 et un eider à duvet le 21/09 et à nouveau en Norvège sur un grand-duc d’Europe le 22/09/2023 (à l’ouest de la partie continentale de la Norvège), puis un cas le 17/10/2023 sur un goéland argenté. Des cas ont encore été détectés au Royaume-Uni sur un goéland argenté (25/09/2023) et une buse variable (03/11/2023) ; ainsi que sur les îles Féroé à partir du 09/09/2023 sur fulmar boréal et corneille mantelée. Deux autres cas de H5N5 ont été détectés en Islande sur des grands corbeaux (17 et 18/11/2023).

  • Un cas de H5N8 a été identifié en Allemagne chez un bécasseau maubèche détecté le 22/02/2024 dans le nord du pays. Le virus est un nouveau réassortant avec un virus de l’IAFP (EFSA, ECDC, EURL, Alexakis, et al. 2024).

  • L’Allemagne a détecté un foyer de H7N5 le 29/06/2024 dans un élevage de poules pondeuses en Basse-Saxe (Ahrens et al. 2024).

 

 

Pour information complémentaire, le LRUE pour l’influenza aviaire publie et met à jour en ligne un tableau de bord récapitulant la fréquence mensuelle de détection des différents génotypes de virus de l’IAHP A(H5) de lignée A/goose/Guangdong/1/1996 circulant en Europe depuis octobre 2020, d’après les données de séquences dont il dispose (EURL Avian Flu Data Portal).

 

 

Détections chez les mammifères (Europe)

 

Description

La détection de l’IAHP chez une espèce de mammifère (hôte inhabituel) constitue un évènement épidémiologique exceptionnel, et doit donc être notifiée à l’OMSA (code terrestre - article 1.1.3 -1.f) dans les 24h suivant la confirmation du diagnostic. Les notifications sont communiquées directement dans l’interface WAHIS ou par courrier électronique (code terrestre article 1.1.5). L’intégralité des notifications officielles des cas d’IAHP à l’OMSA sont disponibles sur la page dédiée (lien).

 

Au niveau européen, la surveillance hors oiseaux est exigée par la réglementation européenne, lorsque la situation épidémiologique indique que les espèces à cibler peuvent constituer un risque pour la santé animale et humaine (section 10 de l’annexe II du règlement 2020/689 révisé). 

 

Sur la saison 2023-2024, 81 cas d’IAHP ont été détectés en Europe sur des espèces de mammifères et déclarés dans la base WAHIS. Des pays ont également rapporté des cas directement à l’OMSA ou dans les rapports EFSA ou dans ces communiqués nationaux. 

 

En Allemagne, six cas sauvages ont été détectés sur des renards roux au premier semestre 2024, répartis dans tout le pays : 06/01/2024 dans le Bade-Wurtemberg, 05/03/2024 en Saxe, deux cas les 01/03 et 16/03/2024 dans le land de Hesse et deux cas le 05/04/2024 dans le land de Hambourg. Un cas a également été détecté sur un raton laveur le 01/03/2024 dans le land de Hesse (source : WAHIS). Tous ces cas étaient associés à des infections par des virus de l’IAHP H5N1.

 

Au Danemark, des cas ont été détectés fin août sur des phoques communs (Phoca vitulina) trouvés morts en bord de mer du Nord. Des cadavres de cygnes tuberculés ont également été trouvés à proximité. Les cas ont été confirmés H5N1 (source : Staten serum institut le 11/09/2023). Le cas a été notifié directement à l’OMSA le 25/09/2023 (lien).

 

La Finlande représente la majorité des cas notifiés dans WAHIS. La quasi-totalité des notifications correspondaient à des détections fin 2023 dans les élevages d’animaux à fourrure (visons, renards arctiques, chiens viverrins). 

Un épisode de cas groupés s’est déroulé entre juillet et octobre 2023. Au total, l’infection par un virus de l’IAHP H5N1 a été confirmée dans 27 fermes situées sur le littoral ouest du pays. Le virus a provoqué des symptômes cliniques variables chez les animaux, allant d’infections asymptomatiques à des pneumonies et méningites fatales. Les symptômes les plus courants étaient neurologiques. D’autres fermes ont présenté des signes cliniques similaires, sans confirmation virologique. Les séquences identifiées étaient proches de celles circulant dans l’avifaune sauvage à cette période et appartenaient au génotype BB. Les autorités finlandaises ont publié une carte des fermes infectées (lien) (Kareinen et al. 2024). Quelques cas sporadiques d’infection par des virus de l’IAHP H5N1 ont également été détectés chez plusieurs espèces de mammifères sauvages : renard roux (août 2023), loutre d’Europe (deux cas en août en octobre 2023) et lynx d’Europe (octobre 2023) (source : OMSA, WAHIS).

 

En Hongrie, un premier cas sur mammifère a été détecté dans le pays. Il s’agissait d’un chaton domestique testé après sa mort dans le comté de Jász-Nagykun-Szolnok. L’hypothèse probable de contamination serait le contact avec des oiseaux sauvages. Le virus H5N1 a été confirmé le 30/05/2024. Les autres animaux du domicile ne présentaient pas de symptômes et ont tous étés testés négatifs (20 chats testés par PCR sur écouvillons trachéaux et fécaux) (source : autorités sanitaires Hongrie NEBIH 31/05/2024, OMSA le 07/06/2024, EFSA overview march-june 2024). 

 

En Norvège, deux cas d’infection par des virus de l’IAHP H5N5 sur des renards roux ont été détectés les 16 et 21/02/2024 dans le comté au nord du pays (Troms Og Finnmark) (source : WAHIS). 

 

En Russie (partie asiatique), un cas d’infection par un virus de l’IAHP H5N1 sur otarie à fourrure du Nord (Callorhinus ursinus) a été détecté le 13/08/2023 à Sakhalin, île sur le littoral est du pays (source : WAHIS).

 

En Suède, deux cas d’infection par des virus de l’IAHP H5N1 ont été détectés le 15/08/2023 sur un renard roux et le 02/02/2024 sur une loutre d’Europe (source : OMSA, WAHIS).

 

Les dernières détections de la saison 2023-2024 datent de fin mai 2024 (source = plateforme ESA, « Influenza aviaire hautement pathogène chez les mammifères – point au 08/10/2024 »).

 

 

 

 

Analyse

La majorité des détections d’IAHP chez des mammifères déclarées dans WAHIS ont concerné des foyers dans les élevages d’animaux à fourrure en Finlande. Ces détections ont mis en évidence la transmission entre mammifères, avec l’identification fréquente de plusieurs marqueurs génétiques spécifiques d’adaptation aux mammifères, acquis rapidement après transmission à ces derniers, et soulignent l’importance de prévenir les contaminations de ces élevages. Une transmission entre fermes a été suggérée, par proximité des élevages ou par contamination indirecte par le personnel ou le matériel, soulignant l’importance de la biosécurité dans ce type d’élevages. Un virus de l’IAHP H5N1 avait déjà été détecté dans un élevage de visons en Espagne en 2022 (même génotype EA-2022-BB) (Fusaro et al. 2024; Kareinen et al. 2024).

 

Des cas sporadiques d’IAHP chez des mammifères domestiques de compagnie ou des mammifères sauvages libres ont été détectés sur des renards roux, des loutres d’Europe, un lynx d’Europe, un raton laveur, un chat domestique et des mammifères aquatiques (phoques, otaries). Ce faible nombre de détections serait lié au faible nombre de cas chez les oiseaux sauvages, et donc à un faible niveau d’exposition des carnivores aux oiseaux infectés par la voie alimentaire (prédation ou charognage) (EFSA, ECDC, EURL, Alexakis, et al. 2024).

 

Contrairement aux infections de mammifères signalées en Europe pendant les mois d'été en 2023, principalement causées par le génotype EA-2022-BB qui circulait intensivement chez les oiseaux marins, les virus de l’influenza aviaire A(H5) identifiés chez les mammifères sauvages début 2024 appartenaient à différents génotypes de virus H5N5 et H5N1 (à titre d’exemple, les analyses génétiques des cas détectés sur les renards en Norvège en février 2024 et en Allemagne en mars 2024, ont montré qu’il s’agissait de génotypes différents, EA-2021-I et EA-2023-DG respectivement) (EFSA, ECDC, EURL, Alexakis, et al. 2024).

 

 

 

 

 

Conclusion

 

Au total, 307 foyers de volailles, 62 foyers d’oiseaux captifs et 819 cas sauvages ont été détectés entre le 01/08/2023 et le 31/07/2024. L’épizootie 2023-2024 a été de bien moindre ampleur en Europe par rapport aux saisons précédentes (2 432 foyers de volailles et 3 510 cas sauvages ont été détectés entre le 01/08/2021 et le 31/07/2022). Le compartiment domestique a été impacté par une épizootie majeure dans les productions de palmipèdes de Hongrie et deux vagues épizootiques importantes touchant des petits élevages non commerciaux de volailles (dont des palmipèdes) en Moldavie. 

Le compartiment sauvage a également été plus faiblement touché par rapport aux saisons précédentes. Comme pendant la saison 2022-2023, , une persistance des cas a été observée chez les laridés (août à octobre 2023) sur les littoraux Atlantique et de la Manche, mais elle s’est estompée sur le reste de la saison. Les pics de détection correspondent aux migrations, périodes de regroupement et déplacements de populations d’oiseaux. Les détections sont demeurées sporadiques le reste de la saison. Grâce à la moindre exposition qui en a résulté, les mammifères sauvages terrestres et aquatiques ont été également moins touchés. 

 

 

 

Références

 

 

Ahrens, Ann Kathrin, Anne Pohlmann, Christian Grund, Martin Beer, et Timm C. Harder. 2024. « Out of the blue: detection of a unique highly pathogenic avian influenza virus of subtype H7N5 in Germany ». Emerging Microbes & Infections 13 (1): 2420723. https://doi.org/10.1080/22221751.2024.2420723.

EFSA, European Food Safety, ECDC, European Union Reference Laboratory for Avian EURL, Alice Fusaro, et al. 2024. « Avian Influenza Overview December 2023–March 2024 ». EFSA Journal 22 (3): e8754. https://doi.org/10.2903/j.efsa.2024.8754.

EFSA, European Food Safety, ECDC, European Union Reference Laboratory for Avian EURL, Leonidas Alexakis, et al. 2024. « Avian Influenza Overview March–June 2024 ». EFSA Journal 22 (7): e8930. https://doi.org/10.2903/j.efsa.2024.8930.

Fusaro, Alice, Bianca Zecchin, Edoardo Giussani, et al. 2024. « High pathogenic avian influenza A(H5) viruses of clade 2.3.4.4b in Europe—Why trends of virus evolution are more difficult to predict ». Virus Evolution 10 (1): veae027. https://doi.org/10.1093/ve/veae027.

Kareinen, Lauri, Niina Tammiranta, Ari Kauppinen, et al. 2024. « Highly pathogenic avian influenza A(H5N1) virus infections on fur farms connected to mass mortalities of black-headed gulls, Finland, July to October 2023 ». Eurosurveillance 29 (25): 2400063. https://doi.org/10.2807/1560-7917.ES.2024.29.25.2400063.

Lublin, A., I. Shkoda, L. Simanov, et al. 2023. « The History of Highly-Pathogenic Avian Influenza in Israel (H5-Subtypes): From 2006 to 2023. » Israel Journal of Veterinary Medicine 78 (2): 1426. 170034550.

Sultankulova, Kulyaisan T., Takhmina U. Argimbayeva, Nurdos A. Aubakir, et al. 2024. « Reassortants of the Highly Pathogenic Influenza Virus A/H5N1 Causing Mass Swan Mortality in Kazakhstan from 2023 to 2024 ». Animals: An Open Access Journal from MDPI 14 (22): 3211. https://doi.org/10.3390/ani14223211.

 

 

Annexes

 

Tableau 1. Nombre de déclarations de foyers de volailles, cas dans l'avifaune libre et captive d’IAHP H5 et H7 détectés en Europe depuis le début de la saison 2023-2024 (soit le 01/08/2023), sur les quatre dernières semaines précédant la publication de ce BHVSI-SA par pays (par ordre alphabétique). Les définitions des compartiments sont celles du Règlement 2016/429 (cf. encadré supra) (source : Commission européenne ADIS et WAHIS-OMSA le 19/05/2025

Pays

Compartiment

Date de première suspicion

Date de la dernière détection déclarée**

Nombre de déclaration par compartiment pour la saison 2023-2024***

H5N1

H5N5

H5N6

H5N8

H5Nx

H7N5

Allemagne

Captifs

17/11/2023

27/02/2024

11

11

0

0

0

0

0

Sauvages

01/08/2023

23/07/2024

217

212

2

0

1

2

0

Volailles

20/11/2023

29/06/2024

27

26

0

0

0

0

1

Autriche

Captifs

26/10/2023

31/01/2024

4

4

0

0

0

0

0

Sauvages

20/10/2023

26/02/2024

25

23

0

0

0

2

0

Belgique

Sauvages

07/08/2023

22/07/2024

14

13

0

0

0

1

0

Volailles

30/11/2023

28/12/2023

4

4

0

0

0

0

0

Bosnie-Herzégovine

Sauvages

06/02/2024

06/02/2024

1

1

0

0

0

0

0

Bulgarie

Sauvages

17/04/2024

17/04/2024

1

0

0

0

0

1

0

Volailles

22/10/2023

09/05/2024

24

5

0

0

0

19

0

Chypre

Sauvages

02/02/2024

02/02/2024

1

1

0

0

0

0

0

Croatie

Sauvages

14/11/2023

06/03/2024

7

7

0

0

0

0

0

Volailles

14/11/2023

24/01/2024

2

2

0

0

0

0

0

Danemark

Captifs

07/02/2024

07/02/2024

1

1

0

0

0

0

0

Sauvages

05/08/2023

03/04/2024

85

85

0

0

0

0

0

Volailles

26/09/2023

15/02/2024

12

12

0

0

0

0

0

Danemark (Iles Féroé)*

Captifs

26/09/2023

06/10/2023

2

0

2

0

0

0

0

Sauvages

05/09/2023

13/09/2023

2

0

2

0

0

0

0

Espagne

Sauvages

06/10/2023

28/07/2024

18

18

0

0

0

0

0

Finlande

Sauvages

10/08/2023

24/01/2024

9

9

0

0

0

0

0

France

Sauvages

01/08/2023

25/07/2024

33

7

0

0

0

26

0

Volailles

26/11/2023

15/01/2024

10

10

0

0

0

0

0

Hongrie

Sauvages

18/08/2023

24/02/2024

52

52

0

0

0

0

0

Volailles

04/11/2023

26/04/2024

84

84

0

0

0

0

0

Irlande

Sauvages

22/08/2023

11/09/2023

2

2

0

0

0

0

0

Islande

Sauvages

17/09/2023

18/11/2023

6

0

6

0

0

0

0

Italie

Sauvages

03/08/2023

13/02/2024

24

24

0

0

0

0

0

Volailles

13/11/2023

19/02/2024

6

6

0

0

0

0

0

Kosovo

Volailles

10/11/2023

10/11/2023

1

1

0

0

0

0

0

Lettonie

Sauvages

01/08/2023

02/04/2024

2

2

0

0

0

0

0

Lituanie

Sauvages

14/08/2023

30/01/2024

2

1

0

1

0

0

0

Volailles

15/12/2023

15/12/2023

1

1

0

0

0

0

0

Moldavie

Sauvages

15/12/2023

27/03/2024

31

31

0

0

0

0

0

Volailles

03/12/2023

27/02/2024

58

3

0

0

0

0

0

Norvège

Captifs

06/10/2023

06/10/2023

1

1

0

0

0

0

0

Sauvages

01/08/2023

04/04/2024

29

17

7

0

0

5

0

Volailles

17/02/2024

17/02/2024

1

1

0

0

0

0

0

Pays-Bas

Captifs

15/11/2023

23/11/2023

2

2

0

0

0

0

0

Sauvages

01/08/2023

31/07/2024

59

57

1

0

0

1

0

Volailles

11/11/2023

01/12/2023

3

3

0

0

0

0

0

Pologne

Captifs

12/02/2024

26/02/2024

3

3

0

0

0

0

0

Sauvages

13/12/2023

01/07/2024

24

24

0

0

0

0

0

Volailles

06/10/2023

29/02/2024

33

33

0

0

0

0

0

Portugal

Sauvages

19/10/2023

29/07/2024

10

10

0

0

0

0

0

Roumanie

Sauvages

25/10/2023

26/03/2024

34

34

0

0

0

0

0

Volailles

25/10/2023

29/02/2024

4

4

0

0

0

0

0

Royaume-Uni*

Captifs

09/09/2023

10/09/2023

2

2

0

0

0

0

0

Sauvages

02/08/2023

25/07/2024

49

37

11

0

0

0

0

Volailles

02/08/2023

12/02/2024

20

20

0

0

0

0

0

Russie*

Captifs

17/08/2023

19/10/2023

2

2

0

0

0

0

0

Volailles

09/08/2023

09/10/2023

3

3

0

0

0

0

0

République tchèque

Captifs

31/12/2023

14/03/2024

23

23

0

0

0

0

0

Sauvages

20/01/2024

07/03/2024

7

7

0

0

0

0

0

Volailles

30/01/2024

13/02/2024

5

5

0

0

0

0

0

Serbie

Sauvages

29/09/2023

20/11/2023

10

10

0

0

0

0

0

Slovaquie

Captifs

04/12/2023

15/01/2024

3

3

0

0

0

0

0

Sauvages

15/01/2024

13/02/2024

9

9

0

0

0

0

0

Volailles

27/12/2023

27/02/2024

6

6

0

0

0

0

0

Slovénie

Captifs

14/09/2023

14/09/2023

1

1

0

0

0

0

0

Sauvages

11/09/2023

19/04/2024

16

16

0

0

0

0

0

Suisse

Sauvages

25/12/2023

25/12/2023

1

1

0

0

0

0

0

Suède

Sauvages

30/10/2023

21/02/2024

33

29

0

0

0

4

0

Volailles

05/01/2024

14/03/2024

3

3

0

0

0

0

0

Ukraine

Captifs

29/12/2023

06/02/2024

7

7

0

0

0

0

0

Sauvages

22/12/2023

28/02/2024

6

6

0

0

0

0

0

Europe

Captifs

 

 

62

60

2

0

0

0

0

Sauvages

 

 

819

745

29

1

1

42

0

Volailles

 

 

307

232

0

0

0

19

1

*source : Seuls les foyers et cas situés en Europe géographique (à l’ouest du 60ème degré de longitude) sont indiqués.
 ** les dernières semaines sont à interpréter avec précaution, compte tenu des délais entre suspicion/détection, confirmation et notification. 
 *** inclut les déclarations pour lesquelles le sous-type n'est pas précisé (ex: Moldavie).

 

 

 

 

Ce document créé dans le cadre de la Plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA) peut être utilisé et diffusé par tout média à condition de citer la source comme suit et de ne pas apporter de modification au contenu « © https://www.plateforme-esa.fr/ »

 


 


[1] Pays de l’UE et pays voisins, incluant le Royaume-Uni, la Russie occidentale et la Turquie. France hexagonale uniquement.

[2] Pays de l’UE et pays voisins, incluant le Royaume-Uni, la Russie occidentale et la Turquie. France hexagonale uniquement.

[3] European Commission, Standing Committee on Plants, Animals, Food and Feed Section Animal Health and Welfare 

[4] Front est / sud-est : Autriche, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Hongrie, Italie, Moldavie, Roumanie, République tchèque, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Suisse, Ukraine.

[5] Front nord : Allemagne, Belgique, Danemark, Danemark (Iles Féroé)*, Estonie, Finlande, Irlande, Islande, Lettonie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Russie, Suède.

 

[6] ZRD : zone à risque de diffusion (zone présentant une densité élevée d’élevages avicoles), ZRP : zone à risque particulier (zone dans laquelle les conditions naturelles augmentent le risque de contamination des élevages par la faune sauvage)

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