Epidémiosurveillance en santé animale

Le Laboratoire de santé animale de l'Anses Maisons-Alfort pourrait avoir isolé un nouveau sérotype de la FCO en Corse

Le Laboratoire national de référence (LNR) en matière de virologie de la fièvre catarrhale ovine (FCO), le Laboratoire de santé animale de l'Anses Maisons-Alfort, pourrait avoir isolé un nouveau sérotype de la FCO en Corse.

Au début du mois de mai 2014, le LNR a reçu 56 prélèvements sanguins de caprins détenus dans un centre de sélection en Corse, pour contrôle de routine avant retour des animaux dans leurs élevages d'origine. Ces animaux ne présentaient aucun signe clinique évocateur de la FCO. Suite à ces analyses, 51 animaux se sont avérés positifs au test générique (RT-PCR de groupe) détectant le virus de la FCO quel que soit le sérotype, mais négatifs vis à vis du test spécifique (RT-PCR de typage) ciblant le sérotype 1, qui circule actuellement en Corse. Toutes les autres RT-PCR de typage disponibles (2, 4, 8, 9, 16) se sont, elles aussi, révélées négatives. Il arrive que des PCR de typage soient négatives malgré une PCR de groupe positive, notamment lorsque la quantité de virus dans le prélèvement est trop faible. Toutefois, ce cas de figure est rare, ce qui n'est pas cohérent avec le nombre important de prélèvements positifs trouvés dans ce cas. Le LNR a donc procédé à un séquençage du virus, qui a révélé la présence de segments de gènes différents de tous les sérotypes de la FCO connus.

Il s'agirait donc potentiellement d'un "sérotype 27" de la FCO, nouveau et jamais observé auparavant (jusqu'à présent, 26 sérotypes ont été décrits).

Selon ces résultats de séquençage, il semble improbable que ce nouveau variant résulte d'une mutation du sérotype 1. En revanche, ce sérotype présenterait de fortes similitudes génétiques avec le sérotype 25 (virus de Toggenburg, asymptomatique chez les caprins, identifié en Suisse en 2008) et, dans une moindre mesure, avec le sérotype 26, identifié au Koweit en 2010.

Des analyses complémentaires doivent être entreprises pour confirmer que les spécificités génétiques identifiées sont bien associées à des spécificités biologiques (critère déterminant pour confirmer l'existence d'un nouveau sérotype).

Peu d'informations sont disponibles à ce stade sur la biologie de ce potentiel nouveau virus (prévalence, virulence, mode de transmission, etc.). Toutefois, plusieurs éléments invitent à penser que sa virulence serait faible :

  • il n'y a pas à ce stade de signes cliniques chez les 50 chèvres infectées dans le centre de sélection ;
  • la présence du virus a été exclue dans les quatre élevages caprins faisant actuellement l'objet d'investigations poussées par l'Anses et la FRGDS en raison de problèmes sanitaires inhabituels observés à la fin de l'hiver 2014, tous les animaux testés ayant présenté des résultats négatifs en RT-PCR de groupe ;
  • le virus Toggenburg (sérotype 25), qui a été identifié en Suisse en 2008 de manière fortuite chez des chèvres et avec lequel le nouveau sérotype présente une grande similitude génétique, ne provoque pas de maladie clinique.

Des investigations et expérimentations supplémentaires vont être mises en place pour : i) confirmer qu'il s'agit bien d'un nouveau sérotype, ii) connaître la prévalence actuelle de ce potentiel nouveau sérotype dans les élevages corses, iii) tenter de retracer l'historique de sa présence en Corse (le virus pourrait être présent depuis longtemps ou avoir été récemment introduit), iv) évaluer la contagiosité et la virulence de ce sérotype, notamment par des infections expérimentales en station à haut niveau de biosécurité (A3).

De premiers résultats pourraient être obtenus dans le courant de l'été 2014.

A ce stade, considérant l'absence de connaissances sur ce nouveau sérotype, les animaux déclarés infectés seront bloqués dans l'exploitation où ils sont détenus. Les mesures de gestion à appliquer vis-à-vis de ce nouveau sérotype seront déterminées à la lumière des résultats des investigations qui seront menées.

La présence de ce sérotype ne modifie pas le statut de la Corse (zone réglementée) et de la France continentale (indemne) vis-à-vis de la FCO.