Epidémiosurveillance en santé animale

Confirmation d'un foyer de peste des petits ruminants en Bulgarie

Pour la VSI (par ordre alphabétique) : Anne Bronner (Dgal), Didier Calavas (Anses), Julien Cauchard (Anses), Pascal Hendrikx (Anses), Thierry Lefrançois (Cirad), Renaud Lancelot (Cirad), Alizé Mercier (Cirad)
Avec le laboratoire européen et OIE de référence PPR (Cirad)
Auteur correspondant : plateforme-esa@anses.fr

Source : Note de la Commission Européenne du 21/06/2018, notification ProMED du 22/06/2018

Mise à jour de la note du 22/06 (lien): Le laboratoire européen et mondial de référence du Cirad a confirmé le diagnostic de la peste des petits ruminants (PPR) parmi 14 échantillons récoltés (13 échantillons de sang total et un ecouvillon nasal). Il s’agit du premier cas de PPR sur le territoire d’un Etat membre européen. Parmi les 380 ovins et 160 caprins de l’exploitation, il y a eu deux cas chez les ovins avec un taux de létalité de 50%.

Il est à présent de toute première importance de connaître l'ampleur de la diffusion éventuelle de la maladie. D'autres prélèvements sont prévus venant des animaux abattus et surtout des écouvillonnages systématiques d'animaux sans signes cliniques effectués dans les 10 km de la zone de surveillance autour du foyer.
Les autorités bulgares ont mis en place des mesures de gestion sanitaire selon la directive 92/119/EEC dont l’abattage des troupeaux infectés, y compris l’abattage préventif de tous les autres petits ruminants du village, la mise en place de zones de protection et surveillance, la restriction des mouvements et le renforcement de la surveillance (source : déclaration OIE 25/06/2018).

Un foyer de peste des petits ruminants (PPR) a été identifié dans trois élevages à Voden, région de Yambol en Bulgarie à dix kilomètre de la frontière turque. La suspicion se basait sur les signes cliniques et les résultats des tests préliminaires menés par le laboratoire national de référence bulgare.

La maladie – d’après la Fiche technique OIE
La peste des petits ruminants (PPR) est une maladie non zoonotique virale des caprins et des ovins qui se caractérise par de la fièvre, des lésions buccales, de la diarrhée, une pneumonie et souvent la mort.
La maladie est causée par un virus du genre Morbillivirus (famille des Paramyxoviriridae), qui est apparenté à celui de la peste bovine, de la rougeole et de la maladie de Carré. Lors d’infections naturelles, la PPR affecte les caprins et les ovins. Elle est une menace pour les espèces de l’ordre des Artiodactyles sauvages et captives. L’épidémie récente en Mongolie a fait des milliers de morts chez les antilopes Saïga. Des bovins contaminés expérimentalement et dans les zones d’enzootie de la PPR font une réponse immunitaire sans pour autant exprimer les signes de la maladie.  Le dromadaire et le porc sont sensibles, mais leur rôle dans l’épidémiologie n’est pas encore connu.  

La peste des petits ruminants est une maladie listée du Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OIE, et les pays sont tenus de déclarer la maladie auprès de l’OIE.

La PPR est apparue pour la première fois en Afrique de l’Ouest, dans les années 40. Depuis lors, elle s’est propagée vers le nord et l’est du continent africain, a gagné le Proche et le Moyen-Orient et atteint l’Asie du Sud et de l’Est.
La PPR a été signalée pour la première fois en Chine en 2007. Le continent européen était indemne de la maladie, à l’exception de la partie européenne de Turquie touchée en 2004. En 2016, la Géorgie a notifié plusieurs cas auprès de l’OIE.

Les animaux infectés excrètent le virus par les larmes, la salive, les sécrétions nasales, les expectorations et les matières fécales d’animaux infectés. La maladie se propage donc par contact étroit entre animaux, notamment par inhalation de fines gouttelettes libérées dans l’air par la toux et les éternuements des animaux infectés. L’eau, les auges et les litières peuvent également être contaminées par des sécrétions et devenir des sources d’infection additionnelles. Néanmoins, le virus ne survit pas longtemps à l’extérieur de l’organisme d’un animal hôte.

Comme le virus est excrété par les animaux avant que ceux-ci ne présentent les signes de la maladie, il peut se propager lors du déplacement d’animaux infectés. Après une période d’incubation de 3 à 6 jours, on observe l’apparition d’une fièvre subite, un abattement sévère, une perte d’appétit et une sécrétion nasale claire. Puis, l’écoulement nasal devient épais et jaune et si abondant parfois qu’il forme une croûte qui obture les naseaux et provoque une détresse respiratoire. Les yeux peuvent aussi être affectés et l’écoulement coller les paupières. On peut en outre observer un gonflement des tissus de la bouche et des ulcérations peuvent se constituer au niveau de la gencive inférieure, du bourrelet gingival, du palais, des joues et de la langue. Chez certains animaux survient une diarrhée sévère qui entraîne déshydratation et perte de poids. L’apparition d’une pneumonie est fréquente aux stades plus avancés de la maladie. Les animaux en gestation peuvent avorter. Le pronostic de la peste des petits ruminants est mauvais. La mort peut survenir dans les 5 à 10 jours suivant l’apparition de la fièvre. Les jeunes animaux sont les plus sévèrement atteints et les caprins sont plus touchés que les ovins. Dans la forme la plus grave (suraiguë), les animaux sont trouvés morts. Toutefois, la maladie peut être bénigne ou inapparente et circuler dans un pays en ayant un impact faible ou nul en termes de cas jusqu’à ce que soient exposés des petits ruminants naïfs.

 

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